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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

mercredi, mai 01, 2024

Rien que ce jour sans lumière et un poème

 



Jour qui se niait,

hésitait à exister…

Idées mortes-nées.



J’ai lancé une première phrase de plusieurs lignes pour débuter le #1 de la seconde série de l’atelier de Fran!ois Bon… me suis interrompue pour un pointage bancaire sans problème, ai été incapable de renouer… laisse reposer en espérant que le mois de mai me sera plus tonifiant.



Même les roses

d’ennui et lassitude

baissaient la tête.



Pour le poème du jour m’en suis allée dans les poèmes retrouvés figurant à la suite du condamné à mort et avant le funambule de Jean Genet chez Poésie/Gallimard à l’entrée desquels ai trouvé ce quatrain :

Dans l’antre de mon oeil nichent les araignées

Un pâtre se désole à ma porte et des cris

S’élèvent de la feuille angoissée où j’écris

Car mes mains sont enfin de mes larmes baignées


mardi, avril 30, 2024

Marché des allées de l’Oulle, une recherche et un poème

 



Pause de la pluie

en ce jour et bleu furtif

quand je suis sortie

vers cinq heures pour aller

au marché près des remparts.



Marché qui cette année se fait de plus en plus réduits, les producteurs locaux s’étant lassés de la faible fréquentation… l’habitude n’en étant pas revenue après le Civid (la pluie de ces jours n’y aidait sans doute pas non plus) mais si près et détendu…



Et avant d’écouter la vidéo de François Bon relative à la première proposition de la seconde série de l’atelier en cours, je recopie mon #3 (sur 5) de la première  (lister sans autre précision des éléments ou lieux perdus du passé et en détailler un — si par très grand hasard une de mes soeurs ou une ancienne de St Do passe qu’elle considère que mes souvenirs ont pris beaucoup d’âge et que je n’ai d’autre indication sur le nouveau St Do que ce qui j’ai pu deviner après une recherche internet)

Inventaire des choses perdues


— le marabout de l'Amirauté  à Alger

— la villa de La Pérouse/Tamenfoust

— le Cours Saint-Dominique à Toulon

— le terrain de Lamalgue à Toulon

— le boulevard du Littoral à Toulon

— la ferme et le château de Brégançon

— la ferme de Féterne

— les blockauss d’Hyères-plage ou Le Palyvestre

— les Héliades  à Toulon

— la maison de Publier

— le deux pièces de la rue des Saints Pères

— la fenêtre sur le quai de la place Dauphine


Le Cours Saint Dominique à Toulon


C’était près de l’église Saint Georges, en sortant de la ville dans la direction du Cap Brun. C’était un grand terrain avec des bâtisses anciennes et l’ajout de  bâtiments neufs qui avaient transformé cette petite propriété en une école pour jeunes-filles tenue par des dominicaines. Et tant d’années après ce sont elles et les silhouettes des élèves, celles que je n’ai perdu de vue que bien plus tard et les autres, qui priment entourées par la présence flottante des arbres, des murs comme une image qui n’échappe à l’usure des tons, au sépia que par le souvenir de la lumière violente qui y est associée. D’ailleurs elles et nous avons changé, comme a changé le monde depuis presque soixante six ou soixante sept ans… | ne sais plus très bien | quand les ai quittées, elles et la ville, pour aller faire ma philo à Paris dans l’horrible Lycée Molière, lestée de la curiosité qu’elles, mère Marie-André et surtout Françou la radieuse, du moins la voyais telle, avec sa coquetterie qui la faisait se cambrer pouces passées dans sa ceinture de cuir pour mettre en évidence sa sveltesse au milieu des lourdes silhouettes de ses compagnes, m’avaient inculquée et qui avait achevé de m’éloigner du côté religieux de leur enseignement, ne gardant que la gourmandise de l’ouverture aux livres. Elles (qu’importe si elles sont maintenant vraisemblablement mortes) qui toléraient ou faisaient semblant de ne pas deviner mon éloignement croissant de l’appartenance à leur foi et dont j’ai appris un jour, au détour d’une conversation — je n’ai jamais fait partie du groupe des « anciennes de Saint Do » qui se réunissent ou se réunissaient régulièrement, n’étant plus Toulonnaise et ce genre de choses m’étant parfaitement antinomique — qu’elles avaient fait allégeance à la dérive intégriste de je ne sais plus quel évêque et que le couvent avait déménagé, ce qui m’a paru une invraisemblable trahison. J’ai essayé de localiser la longue allée qui nous servait de terrain de course entre des haies, les deux espaces de terre battue superposés qui étaient cours de récréation avec la restanque et son figuier dont nous nous réservions, nous les élèves des classes terminales, les branches près du sol sur lesquelles nous nous asseyions pour manger les figues confites sur leur reste de sucre à la rentrée de septembre, au dessus des allées du potager, les grands et  ingrats bâtiments construits pour être salles de classe | je contemplais en troisième le Faron derrière les vitres hautes pour m’abstraire des cours ennuyeux | sauf les terminales nichées dans ce que l’on disait une ancienne ânerie, sur une cour en contrebas limitée par un banc de pierre sous les arbres et la terrasse ombragée, dallée de rouge, devant l’ancienne maison de maître qui abritait les chambres de la plupart des nonnes, l’administration, leurs lieux de vie, avec dans l’annexe la cuisine et notre cantine, le toit baigné d’une belle brume d’incertitudes… n’ai pas retrouvé mon chemin dans  les rues qui se sont civilisées. J’ai cherché sur Google « Cours Saint Dominique - Toulon » et je les ai retrouvées, elles ou tout du moins une école libre nommée Cours Saint Dominique, plus proche que le pensais, 3100 route de la Roquebrussanne | un de ces noms qu’on ne peut prononcer sans prendre l’accent ou un accent qui s’en rapproche | à La Celle. Alors lentement ai entrepris le chemin sur Street View vers Carcès et le Thoronet… avant d’abandonner, la route est longue, de tricher, de pointer sur l’adresse, de trouver une allée qui part à côté de vignes et qui mêne à un quai de transfert des ordures ménagères et une unité de production de béton prêt à l’emploi… ai poursuivi un peu jusqu’à l’embranchement  vers l’Abbaye de La Celle, le long d’une petite route bordée d’arbres tordus et de broussailles, le Cours Saint Dominique figure sur la carte un peu au sud avec la mention « fermé temporairement », mais la Google-car n’a pas suivi le chemin qui y conduit et je l’ai laissé à sa vie ou non vie, il ne saurait me concerner.


Pour ce jour choisis le Portugal, Antonio Ramos Rosa et un poème figurant ©Dom Quixote figurant dans une traduction de Michel Chandeigne dans l’anthologie « les poètes de la Méditerranée » de Poésie/Gallimard

La maison

Un souffle apaisé dans la pénombre des bois

La maison s’est endormie, elle vit dans une tranquille pulsation.

J’entends le martèlement léger des touches de l’ombre.

Un plat en cuivre brille vertical dans l’obscurité.

La table est ronde, claire, cercle de l’harmonie.

Sur un mur glissent de scintillantes arabesques.

Le temps secrète des syllabes d’argile et d’écume.

lundi, avril 29, 2024

Un dimanche sous pluie pour réunion Rosmerta et un brin de poème

 



Huit heures matin

trois quart d’heure de marche

aisée sous crachin

d’une grande discrétion

dans la ville déserte.



M’en suis allée vers la scierie mise à la disposition de Rosmeerta pour deux jours (dont j’avais raté le premier) pour penser aux solutions pour un accueil plus important même si éternellement trop restreint, pour les jeunes venus en quête d’un avenir, réfléchissant sous la direction d’animatrices (et qui a porté sur bien plus)



Le chevalier de l’Apocalypse Michel Anasse


9 heures | moins quelques minutes par deux fois de discussions/cigarettes et  une grosse demi-heure de déjeuner | de « jeux , ateliers par groupes, décryptages ;  tentatives d’accord sur le sens donné à l’action et les modes d’organisations (une Brigetoun qui bridait son recul idiot, instinctif et profond devant ces techniques de débat, dans la chaleur amicale et puisque de toutes façons bien convaincue que n’était légitime de sa part que le soutien, l’admiration de ses ami.es et de ce qui a été accompli, les limites forcées devant l’immensité de la tâche et les contraintes et difficultés qu’y ajoutent le visage brunissant du pays et les lois et décrets | outrepassés de surcroit | venus et à venir… comme de son impuissance maintenant à faire davantage que ce soutien et souci)



Et un retour de plus en plus dégoulinant sous une averse, le constat qu'elle n’avait pas été assez forte pour que l’eau vienne se jouer dans l’antre, et un effondrement assez net (chaque mot cherché dans le brouillard de mon crâne et de mes yeux qui se ferment et tapé trois fois pour arriver à une frappe acceptable… honte à moi).

Et comme poème pour ce jour les quelques vers d’ouverture de  « poèmes cul » dans « Enfin tu regardes l’herbe » de Fred Griot (chez publie.net)

« aux tendres

aux périssables

aux attendrissantes

aux rudes bêtes

que nous sommes

tentant

tant bien que mal

d’être aimés mieux

d’aimer

moins mal. »


dimanche, avril 28, 2024

Que cela et quelques vers pour petite joie

 


Devais partir aux environs de huit heures pour gagner en marche lente éventuellement, selon forme, la Scierie sans passer par le bord du fleuve où trop froid fait pour moi à cette heure. Avais bien organisé tout du moins le pensais… mais quand ai voulu rassembler les deux derniers éléments indispensables soit l’appareil photo et le téléphone pour aller sous la douche et préparer, après lecture du billet rituel d’entrée dans le jour, carcasse à cette longue journée sans aide, affolement… le téléphone n’était ni dans la poche du blouson ni à sa place ordinaire ni aux endroits pouvant éventuellement être explicables et malgré ma résolution de rester-calme dans mes recherches était quand l’ai retrouvé une demi heure pas tard environ bien trop énervée pour après m'être occupée de carcasse m’en aller d’un pas ferme et fier.. 



ai joint deux bénévoles pour m’excuser, annoncé ma présence à la journée (plus courte) de dimanche, tenté de joindre le petit fils auquel j’avais indiqué dix neuf heures trente comme horaire du rendez-vous rituel de fin de mois de peur de le faire attendre pour lui dire qu’on pouvait avancer cette heure… ai fini de me préparer au jour lentement, m’en suis allée lire quelques contributions au #5 de l’atelier jusqu’à sentir que n’aurai plus que « mauvaise lecture » non constructive comme l’aurait estimée Maxime Decout lors du séminaire de William Marx annexé à son cours « Comment lire ? » (vidéo https://youtu.be/8Rv2e3uaGI0?si=dpMBpzNOYXCwYc_L), ai déjeuné, siesté, relu un peu, mis le nez dans le Rabelais édité par tiers.livre Editeur  dont l’arrivée aux alentours de dix heures avait bizarrement « récompensé » mon étourderie.

Plaisir pour la mauvaise élève d’entendre William Marx puisque j’en parlais citer, dans sa leçon n°15 (je rattrape peu à peu mon retard), Proust, dans « Sur la lecture » à propos du lettré Lui, lit pour lire, pour retenir ce qu’il a lu. Pour lui le livre n’est pas l’ange qui s’envole aussitôt qu’il a ouvert les portes du jardin céleste, mais une idole immobile, qu’il adore pour elle-même, qui, au lieu de recevoir une dignité vraie des pensées qu’elle éveille, communique une dignité factice à tout ce qui l’entoure. Le lettré invoque en souriant en l’honneur de tel nom qu’il se trouve dans Villehardouin ou dans Boccace, en faveur de tel usage qu’il est décrit dans Virgile. Son esprit sans activité originale ne sait pas isoler dans les livres la substance qui pourrait le rendre plus fort ; il s’encombre de leur forme intacte, qui au lieu d’être pour lui un élément assimilable, un principe de vie, n’est qu’un corps étranger, un principe de mort.




Après un moment de lumière sur la cour en milieu de jour le ciel était blanc et les petites feuilles de la plante invasive qui peuple les pots abandonnés de la cour dansaient dans l’air tourbillonnant quand j’ai endossé le blouson bleu avec téléphone dans le poche pour m’en aller vers la place devant la tour Saint Jeans le Vieux. En fait, en sortant n’était que ventilet, fraîcheur très relative mais lumière morte sous plafond bosselé, gris sur 


Sur la place les bancs qui accueillaient mes frères vieux maghrébins ont té déposés et les garages à vélos multipliés… J’avais cinq minutes d’avance, quatre gouttes espacées se sont échappées de l’humidité ambiante et le petit fils est arrivé,  superbe et souriant avec deux minutes d’avance, un piapia de longueur écourtée,  il m’a conseillé de ne pas sortir à cause du vent, je lui ai ri au nez, puisque vent n’y avait point de respectable à mon avis, nous nous sommes séparés, 



trois ou quatre rafales fortes (assez) lui ont donné fugitivement raison, ai acheté de quoi me rebricoler un piquenique pour demain (là je crains la pluie avec l’enquiquinement des deux mains occupées bâtissant le parapluie… on verra bien.

Pour le poème du jour je garde celui que j’avais préparé pour sa brièveté et sa gentille complétude, tiré de « Comme je suis ce buisson » d’Henri Meschonnic chez Arfuyen

aujourd’hui j’ai rencontré

une petite joie je me suis

fait aussi petit qu’elle pour

être l’instant qui en est plein.